mardi 14 juin 2011

Natalia Khoussaïnovna Estemirova




Natalia Khoussaïnovna Estemirova est une journaliste et activiste russe, engagée dans la défense des droits de l'homme, membre du Conseil d'administration de l'ONG russe en faveur des droits de l'homme, Memorial.
Son travail a été distingué par l'attribution à cette association, en 2004, du Prix Nobel alternatif décerné par le Parlement suédois.

Natalia Estemirova a été enlevée à son domicile de Grozny, en Tchétchénie, le 15 juillet 2009 vers 8 h 30, alors qu'elle travaillait sur des cas « extrêmement sensibles » de violation des droits de l'homme en Tchétchénie. Deux témoins ont vu Natalia Estemirova poussée dans une voiture, pendant qu'elle criait qu'on l'enlevait. Son corps a été retrouvé, portant des blessures par balles à la tête et dans la poitrine, à 16 h 30, dans un bois.

Natalia Estemirova était menacée par le président tchètchène, Ramzan Kadyrov, depuis des mois. Le 31 mars 2008, Natalia Estemirova se rend, sans porter le foulard imposée aux femmes, à une convocation de Kadyrov ; il l'accueille alors en lui disant : « Tu dois te comporter comme une femme respectable, pas comme une pute [...] Tu me provoques, tu m'excites avec tes cheveux ». Les menaces redoublent à partir de décembre 2008, et, peu avant sa mort, elle reçoit l'appel téléphonique d'un fonctionnaire tchètchène, qui lui déclare : « Tu n'en as plus pour longtemps, tes jours sont comptés ». Moins d'un mois après la mort de Natalia Estemirova, le président tchètchène explique qu'il est impensable qu'il soit impliqué dans son assassinat, car « pourquoi Kadyrov aurait-il tué une femme dont personne ne voulait ? Elle n'avait ni honneur ni dignité [...] Elle ne racontait que des bêtises »

"Tout le monde savait qu'elle était menacée, elle la première." Pour Anne Le Huérou, chargée de mission à la Fédération internationale des droits de l'homme.
Son travail et sa volonté inébranlable de dénoncer les exactions commises en Tchétchénie depuis 2000 avaient fini par faire d'elle la femme à abattre dans la région. Journaliste de formation, cette militante de 50 ans sillonnait sans relâche la Tchétchénie pour traquer les violations des droits de l'homme, elle détenait beaucoup d'informations, travaillait avec des avocats, des journalistes russes ou étrangers qui trouvaient en elle une interlocutrice sérieuse, fiable et expérimentée.

Arrivée en Tchétchénie lors de la seconde guerre de Tchétchénie (1999-2000), elle n'avait cessé, depuis, d'enquêter sur les abus et violations des droits de l'homme et sur les conditions des femmes, victimes de meurtres commis en toute impunité. Relativement protégée par son statut au début de la guerre, elle était de plus en plus menacée depuis que les chars russes avaient quitté Grozny pour laisser la région entre les mains toutes-puissantes de Ramzan Kadyrov, président de la Tchétchénie. "Ramzan Kadyrov a alors mis en place une véritable terreur d'Etat, un règne de la peur.

Après Anna Politkovskaya, Stanislav Markelov et Anastasia Baburova, Natalia Estemirova a payé de sa vie son combat pour le respect des droits humains en Russie. 

 sources: wikipedia.org / lemonde.fr / isavelives.be