mercredi 21 novembre 2012

Indices et notations


Tout va mal nous dit-on ! La France décline chaque jour un peu plus… Sa dette se creuse, les riches quittent le pays, les pauvres le sont de plus en plus, et les classes moyennes paient leur manque de force contestataire… Les partis politiques se déchirent les uns et les autres, successivement. Les gouvernements se succèdent à la tête du pays, élus par l’une ou l’autre de la moitié des votants, et  n’arrivent pas à redresser la barre. L’Europe perd peu à peu de sa splendeur post coloniale, et le vieux continent voit s'amenuiser son leadership. La vision du monde change, et nos modèles de sociétés, il faudra bien finir par se l’avouer un jour, disparaissent lentement, pour céder leurs places à des démocraties généralement moins solidaires. Nous ne sommes plus vraiment écoutés, voir même, pris en compte, et d’autres pays émergents prennent place aux commandes.

Depuis des décennies, lorsque l’on regarde une carte du monde, on y voit notamment l’Europe placée au centre de celle-ci. Ce choix arbitraire, qui répond en premier chef à une commodité de lecture, a aussi une perception politique du monde, qui peut sous-entendre que, les pays placés au centre, ont plus d’importance que les autres.  La planisphère de la nouvelle terre est centrée sur le méridien 150 Est, qui permet de recadrer l’Asie de l’Océanie plus au centre. Les pays émergents comme le Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Mexique ou l’Indonésie (BRIC, BRICM, BRICI) entre autres, sont désormais ceux qui font avancer notre monde et où le centre des attentions se situe. 

Mais quelle société se dessine à nous avec de tels pays. Une chine, où l’on travaille jusqu'à 14 heures par jour, où l’eau et l’air des villes sont massivement pollués. Un Brésil ou une Inde, qui révèlent des sociétés les plus inégalitaires du monde. Un Qatar, où la richesse dénigre avec une prétention démesurée la pauvreté…

On l’a encore vu hier avec la nouvelle décote de la France chez Moody's, les critères purement économiques des agences de notations décrètent l’Europe malade. Mais d’autres indices, plus ou moins utiles, existent pour déterminer, à l’aide de données différentes que celle de la finance, la santé des pays. Parmi eux, il existe par exemple l’IDH (Indice de Développement Humain) basé sur le Produit Intérieur Brut (total des richesses produites par un pays par an) mais aussi sur l’espérance de vie et le niveau de formations des individus ; ou encore l’IBM (Indice du Bonheur Mondial) qui évalue si les habitants d’un pays ont une vie collective heureuse. Ce dernier est basé sur quatre domaines : La paix et la sécurité, la liberté, la démocratie et les droits de l'homme, la qualité de la vie et l'intelligence, la communication et la culture. En observant l’ensemble des indices : PIB seul, IDH et IBM, on constate que la France ne va, à la fois, pas si mal et pas si bien… Avec un Produit Intérieur qui conserve la 5ème position mondiale sur 182 pays notés, on constate malgré cela un IDH et IBM en, respectivement, seulement 20ème et 11ème positions...
On peut aussi se rendre compte que de tous les pays dits « émergents », aucun ne rentrent dans les 20 premières places du classement (sauf bien évidemment, pour les PIB grandissant de certains, et pour la Corée du sud qui s’approche étonnamment par le bas des indices du bonheur et du développement…).

La comparaison de ces critères donne une image claire de ces nouveaux états qui, demain, domineront toujours plus notre monde, et la façon dont, si les choses ne s’améliorent pas, les écarts et inégalités entre les humains vont s’accroitre, pour laisser place à une toute autre planète. Une planète où la démocratie perdra son égalitarisme primordial. Une planète où la fracture des classes sociales sera encore plus nette, pour se parquer en deux grandes catégories, les riches et les pauvres. Une planète où le droit du travail, tiré par le bas et remontant d’un tel bas-fond, ne pourra pas retrouver son niveau actuel. Une planète où la culture, le loisir et le sport seront réservés à une élite. Une planète où la place de l’écologie sera reléguée au trois ou quatrième plans, nous faisant nous entériner dans l'anthropocène, période où l'influence de l'Homme sur le système terrestre est devenue prédominante. Une planète où la corruption, l’insécurité (le mot n’est pas tabou) et les conflits en tous genres, viendront creuser un peu plus les différences entre les humains.

On nous aura pourtant prévenus…

Quelques graphiques pour illustrer mes propos

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Caïn

Sources : www.wikipedia.fr  / www.globeco.fr / www.populationdata.net / Science et vie  N°277