jeudi 22 septembre 2011

C'est une chose étrange à la fin que le monde : Philosophie Primitive


Logos est un mot grec qui apparaît au quinzième siècle avant notre ère.
Il signifie « raison », « loi », « logique » « discours », « verbe », « nécessité universelle » (selon Platon ou Jean l’évangéliste). Le logos s’exprime dans le langage et il constitue la voie privilégiée pour atteindre à la nature des choses, à leur essence, à leur être. Il est lié à la mathématique et à la géométrie. Il marque la fin de l’opinion vague et fluctuante, des approximations hâtives, de la superstition, de la magie. C’est la sortie du monde de la mythologie et l’entrée dans le monde de la science.

Dans ces temps anciens, la profession de philosophe n’existait pas encore : les philosophes étaient en même temps, et peut-être surtout, des savants, des mathématiciens et des astronomes.
Avec les Grecs, le Terre cesse définitivement de se présenter sous la forme d’un disque plat habité d’un seul côté, […] pour prendre la forme parfaite d’une sphère.

En découle pendant les siècles suivant les premières pensées philosophiques : "Tout change toujours sous le soleil, tout passe, tout ne cesse de s’écrouler".  "La vie de chaque jour offre des exemples sans fin de ces bouleversements et de cette instabilité universelle." "Au cœur de l’éphémère universel, un noyau obscur semble persister".

Bien avant dans le temps, Homère dans  L’Iliade et l’Odyssée  (dont toute la littérature occidentale sort) avait déjà dépeint avec génie la précarité de la condition humaine.

En Ionie quelques siècle avant notre ère plusieurs question sont posées : Qu’est-ce qui persiste à travers le changement ? Quelle est la substance qui sert de fondement  à tous ces phénomènes qui se succèdent sans trêve ?
Mais ce qui allait compter dans  l’histoire de l’homme et  dans leur soif d’apprendre c’était la question : Qu’est ce qui dure derrière ce qui passe ?

Deux grands philosophes vont s’emparer de cette question.
Héraclite (issue de l’école ionienne) met l’accent sur la lutte et la tension entre les forces opposées de la nature qui ne cessent de se combattre. C’est un génie. Il a compris que, sous le soleil au moins, il n’y a rien d’éternel. Il est le philosophe multiple, des contraires, du devenir, du combat, de l’écroulement et du changement.
Parménide (issue de l’école éléate), farouche adversaire, voit bien que le même monde autour de lui ne cesse jamais de changer. Pour lui la seule vérité tient en deux mots : « L’être est ». Si l’être est, il est impossible que le non-être soit. Il est aussi un génie. Il a découvert qu’il n’y avait un monde que parce qu’il y avait l’être. Et que la seule chose qui soit permis de dire de l’être, c’est qu’il est.

Tout au long de l’histoire de la philosophie, ou tout simplement l’histoire des hommes, Héraclite et Parménide sont restés comme deux symboles, comme deux pôles opposés.
Aristote, Platon, Spinoza, Bergson sont ouvertement éléate. Hegel, Karl Max, Engels appartiennent à l’école ionienne.

Le rêve du vieux :
"Derrière le monde qui se fait et s’écroule, qui ne se fait que pour s’écrouler, qui s’écroule et se refait, il y a cet être immobile, éternel, infini, hors de l’espace et du temps, qui hante l’esprit des hommes plongés  dans l’espace et dans le temps et guettés par une mort dont il est interdit, à eux qui comprennent tout, qui changent tout, qui se croient la fin de tout, de jamais rien savoir."


Adaptation par Caïn du livre « C'est une chose étrange à la fin que le monde »
de Jean d’Ormesson au Edition Robert Laffont