lundi 24 avril 2017

Vers où marcher…



Hier soir, une page s’est tournée dans l’histoire politique française, les deux grands partis historiques, à savoir l’UMP et le PS ne se sont pas qualifiés pour le second tour des élections présidentielles. L’un réalise un score très en dessous de celui des dernières élections de 2012 et l’autre subit une effarante débâcle, jamais vue depuis bientôt 50 ans... Dans le quatuor de tête, on retrouve deux candidats se présentant sans parti, mais sous l’égide de mouvements créés pour ces élections.

Emmanuel Macron, le plus jeune candidat de l’histoire à accéder au second tour d’une élection présidentielle en France, prend la tête du scrutin avec un score, certes, modéré, eu égard aux précédents suffrages, mais totalement inédit pour un mouvement naissant et prônant une refonte de la vision des clivages politiques gauche/droite en place.

Jean-Luc Mélenchon, longtemps dans les rangs du PS et désormais à la tête de la France insoumise (donné il y a encore quelques mois en dessous des 10 % dans les sondages) a réalisé en fin de campagne une remontée inespérée en prenant la tête de l’idéologie de gauche sur les ruines d’un parti dominant déserté par ses pairs.

Dans ce second tour, et donc mathématiquement second parti de France, on retrouve le Front National aux extrêmes de la droite prônant le national-conservatisme, l’opposition à l'immigration et à la mondialisation, partisan des doctrines souverainistes, eurosceptiques et étatistes. En 2002, le père de l’actuelle présidente du parti avait déjà passé ce cap, en raison d’une division de la plupart des autres partis qui n’avaient alors pas su s’écouter. Cette année, la donne n’est plus vraiment la même, car, cette fois, c’est par adhésion que la fille, Marine, passe la première étape avec un score plus ou moins équivalent mais supérieur à ceux des autres partis en tête des suffrages.

Que faut-il tirer comme conclusions de ce premier tour ? Clairement, un rejet du système politique actuel avec des votes non plus contre, mais pour une fracture de l’état actuel des choses.

Depuis de nombreuses années, la France donne légitimité à un président avec grosso modo la moitié des voix des électeurs ; le gagnant, ne se distinguant, sauf scrutins exceptionnels, de l’autre que de quelques pourcents. Hier, sur 46 Millions d’inscrits sur les listes électorales et seulement 36,5 millions de votants, 8,5 ont donné leurs voix à M. Emmanuel MACRON, 7,6 à Mme Marine LE PEN, 7,1 à M. François FILLON et 7 à M. Jean-Luc MÉLENCHON.

Les chiffres, à l’instar, des pourcentages nous permettent, eux, de mieux visualiser la division toujours présente de la France d’aujourd’hui, et cela, même si elle évoque clairement un souhait de s’inscrire désormais dans une nouvelle distribution des forces et orientations politiques. Le président qui sera dans quelques jours au pouvoir ne sera à nouveau pas le choix de plus de 80 % des Français… Par conséquent, on le constate, cette majorité de « perdants » ne sera une nouvelle fois pas satisfaite.

La charge de ce nouvel élu, sans grand doute Emmanuel Macron, sera donc de créer cette mutation et réunir enfin la majorité de déçus dans un nouveau système politique pour tenter de faire avancer les choses et nous emmener cette fois-ci vers un vrai changement que l’on nous avait promis... Créer une mouvance transpartisanne qui sera à la fois de droite et de gauche et devra traiter objectivement les sujets de société et l’intérêt que nous devons collectivement y apporter afin d'offrir au peuple français la possibilité d’agir sur la cause profonde de ce que l’on souhaite modifier, et cela, grâce à des reformes modérées, laïques et démocrates.

Ce premier tour est ainsi parce que la droite est entrée dans le rang d’un homme qui n’a pas su, le jour où ses manquements ont été révélés, laisser sa place et a conduit à la perte son propre parti dans un combat autodestructeur. Il est ainsi parce qu’une primaire a mis en place à gauche un homme frondeur plébiscité par les partisans d’un parti en perdition après un mandat épouvantable de son chef, et qui a été ensuite affreusement décrié par d’amers perdants, déclenchant alors un inexorable suicide collectif. Si ces deux grands partis ne s’étaient pas infligés le coup de grâce en appuyant sur les désordres liés à un système politique d’un autre temps et à une utilisation nébuleuse des mandats qui leur ont été confiés, et que le peuple ne souhaite aujourd’hui plus, il est très probable que ces deux-là eussent été qualifiés encore une fois au second tour en distançant d’une courte tête les autres prétendants.

Nous sommes donc inexorablement à l’aube de ce qui peut être une nouvelle ère politique française. Pour cela Emmanuel Macron devra arriver à créer, et ce sera certainement le plus dur dans les prochaines étapes qui lui font face, une majorité législative. Celle-ci devra absolument pour mener à bien son projet être robuste, homogène et solidaire. Elle devra savoir dépasser ses racines idéologiques et pouvoir aller vers l’autre dans l’intérêt premier du peuple et non plus uniquement dans celui de ses propres partisans.

Il est temps de prendre en compte le fait que notre société n’est pas une société blanche ou noire, de gauche ou de droite, faite uniquement de croyants ou d’athées, de riches ou de pauvres... Nous sommes une diversité d’hommes et de femmes tous différents, avec une façon de voir, de vivre ou de subir la vie de façons différentes. Il n’y a pas une solution à un problème, mais des solutions, auxquelles nous devons trouver ensemble les bons compromis et les meilleures adaptations afin de les convertir en une réponse qui de toute évidence ne pourra pas satisfaire l’ensemble du peuple, mais devrait lui permette d’avancer sur le même chemin et vers un même objectif.

Caïn