jeudi 17 février 2022

Personne n'est parfait, aimait-elle à dire. Mais vous savez quoi ? Nous sommes tous merveilleusement imparfaits...

 


" La lumière voyage à trois cent mille kilomètres par seconde. Il lui faut quatre-vingt-treize milliards d'années pour traverser l'espace d'un bout à l'autre, passant sur son chemin des trous noirs, des pulsars et des quasars, des étoiles à neutrons, à préons et à quarks, des étoiles métalliques et des lanternes bleues, des systèmes binaires et d'autres à triple étoile, des amas globulaires et des hyper compacts, des couronnes, des marées, des halos galactiques, des nébuleuses par réflexion et des plérions, des disques stellaires, interstellaires et intergalactiques, de la matière noire et de l'énergie, de la poussière cosmique, des filaments, des vides, tous tissés des mêmes lois repliées en vibrations bien plus infimes que nos plus infimes unités de mesure. L'univers est un être vivant…"

 

" Un milliard au moins de planètes avaient eu autant de chance que la nôtre, rien que dans la Voie lactée. Dans un univers qui s'étendait sur quatre-vingt-treize milliards d'années-lumière, les Terres Rares poussaient comme du chiendent."

 

" […] On n'en parlait même pas, des planètes vagabondes. Mais aujourd'hui, on estime qu'elles sont peut-être encore plus nombreuses que les étoiles. […]. Toute croyance sera surmontée, avec le temps. La première leçon de l'univers, c'est de ne jamais déduire à partir d'un seul exemple. Sauf quand on ne dispose que d'un seul exemple. Dans ce cas : il faut en trouver un autre."

 

"Je lui expliquai qu’une personne avait dix fois plus de cellules bactériennes que de cellules humaines et qu'il nous fallait cent fois plus d'ADN bactérien que d'ADN humain pour faire marcher l'organisme. […]. Sans cette collaboration aberrante, il n'y aurait pas de cellules complexes, pas de créatures multicellulaires, rien pour vous tirer du lit le matin. Cette OPA amicale a pris une éternité. Mais voici ce qui y a de plus bizarre : Il a fallu deux milliards d'année pour que ça se produise. Mais ça s’est produit plus d'une fois ».

 

Sidérations 

Richard POWERS - Édition Actes Sud -09/2021

lundi 13 décembre 2021

Touriste

 


Préambule, où l'on découvre l'origine des pathologies géographiques du narrateur 

On compte sept milliards d'habitants à la surface de la planète et ils vivent tous quelque part. Ils peuplent des continents, des pays et des villes, que bon nombre d'entre eux ne sont pas en mesure de pointer sur un planisphère, faute de planisphère. Je représente un sept milliardième de l'humanité et je ne sais pas toujours où j'habite. Si je suis une quantité négligeable, la question de ma place dans le monde a néanmoins son importance. J'ai grandi sous un climat tempéré où l'accès à une nourriture protéinée est suffisamment aisé pour laisser du temps aux occupations secondaires que sont les loisirs ou les incertitudes existentielles. 

 

Épisode brésilien, où l’on voit des pauvres en vrai 

« Dans la plupart des pays, ma couleur de peau trahit le gringo. Je trimballe l’Occident avec moi, je ne peux pas y échapper. Mes origines inspirent la fascination ou le ressentiment, et toute la palette de préjugés se situant entre les deux. L’idée la plus répandue veut que mon portefeuille soit mieux rempli que celui de l’autochtone. Le gamin qui demande une pièce, […] : situations inévitables dans les pays dépourvus de sécurité sociale. Sous l’anecdote de voyage, toute la thématique Nord-Sud. Face à l’indigène indigent, le touriste peut adopter des attitudes variées, que nous allons examiner ici :

1. L’indifférence : Je ne suis pas responsable de la misère du monde. Ce bambin est bien mignon avec sa main tendue et son ventre gonflé par la malnutrition, mais chacun ses problèmes, mon petit gars. Tu vois, moi je n’ai plus de batteries à mon portable et je ne vais pas enquiquiner tout le monde.

2. La compassion : Oh mon Dieu, c’est horrible, cet enfant est pieds nus. Un sentiment noble à manier avec précaution. Souvent inefficace, voire contre-productif. Donner une paire de chaussures au petit gars peut, certes, améliorer son quotidien. Ne pas oublier que le petit gars risque de se faire dépouiller par un plus gros avant d’avoir fait cent mètres.

3. L’agacement : T’as qu’à bosser, fainéant. J’ai déjà vu des touristes insulter et chasser physiquement des enfants qui demandaient poliment une petite pièce. Je recommande l’interdiction de passeport pour ceux-là.

4. La culpabilité : Je suis un monstre, je viens de m’offrir un baptême en deltaplane et je refuse de payer un soda à cet enfant. L’avantage de la culpabilité, c’est qu’elle atteste de l’existence de votre conscience. Vous êtes conscient d’être conscient, donc vous êtes, quelque part, quelqu’un de bien. La culpabilité est une option narcissique.

5. La théorisation : Tout ça, c’est la faute de la société. Vous avez parfaitement analysé le poids de l’inertie sociale et la cupidité aveugle des organismes financiers responsables du carnage. Une fois ce constat établi, cet enfant a toujours faim.

[...]

Touriste 
Julien  Blanc-Grass - Édition Au diable Vauvert - 2013(11)

 

lundi 25 octobre 2021

Fleishman à des ennuis

 


" Comment pourrais-je revenir à ce moment où ma vie n'était pas un flot continu d'obligations mais une série infinie de choix, chacun ayant pour but de m'enseigner quelque chose sur l'existence et le monde, et non de m'esquinter davantage ? "

 

" Le temps n'arrête pas sa course, de toute façon. Vous ne redeviendrez jamais jeune. Le seul risque, c'est d'oublier que chaque moment est ce que vous pouvez espérer de mieux - que vous ne serez plus jamais aussi jeune que maintenant, à cet instant précis. "

 

" La compréhension profonde que la vie était un cancer qui métastasait si lentement qu'on n'avait conscience de sa mortalité que de façon vague, par intermittence ? La compréhension que la mort était juste assez lente et progressive pour qu'on s’y habitue ? Ou peut-être n'était-ce pas la définition de la vie. Peut-être était-ce simplement celle de l'âge mûr. "

 
Fleishman a des ennuis  
Taffy Brodesser-Akner - Edition J'ai lu - 2019

vendredi 1 octobre 2021

Métaphore....


"Ce n'est que bien plus tard qu'il devait comprendre que Bartuck était un sacré salopard, pour qui la compassion et la camaraderie n'étaient que des moyens d'avancement personnel."
 
Fleishman a des ennuis  
Taffy Brodesser-Akner - Edition J'ai lu - 2019 -

jeudi 26 août 2021

Tu me laisses partir

 
Tes petits mots sur le coin d'la table
Ta pudeur
Une semaine sur deux on vit ces petits bonheurs
Tu pleures
Ému par tes larmes
Ta force fragile
Quand tu m'fais un drame 
 
C'est que je n'entends pas ce qui te brise le cœur
Je t'aime, t'aime, t'aime, t'aime, t'aime, t'aime, t'aime
Même si je suis ailleurs
Tu sais que je suis là
Tu sais mon cœur te pardonne
Je me vois dans ton sourire
Ce départ qui me sonne
C'est peu de le dire
C'est comme ça
Tu me laisses partir
C'est tout l'amour
Oui, tout l'amour que j'ai pour toi 
 
Billie tu lis
Dans tes pensées
Billie, Billie
Tous nos secrets
Billie ma vie
Toi seul le sais 
 
Deux vies parallèles
Mais jamais trop loin d'elle
Quand elle prend son envol
Je souffle dans ses ailes
Je souffle dans tes ailes
Tu sais mon cœur te pardonne
Même si ça te fait souffrir
Ce départ que je fredonne
C'est facile à dire
C'est comme ça
Je te fais rougir
C'est tout l'amour
Oui, tout l'amour que j'ai pour toi 
 
Billie tu lis
Dans tes pensées
Billie, Billie
Tous nos secrets
Billie ma vie
Moi seul le sais 
 
Tu sais mon cœur te pardonne
Il vaut mieux en rire
Ce secret je te le donne
J'ai mon histoire à écrire
C'est comme ça
Tu me laisses partir
C'est tout l'amour
Oui, fou l'amour que j'ai pour toi
 

 
A mon fils M
Source : LyricFind / Paroliers : Matthieu Chedid / Paroles de Billie © Music & Media Int'l, Inc

 

vendredi 15 janvier 2021

Lecture Audio : Guy (Les Années)

 

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Extrait audio du Film Guy réalisé par Alex Lutz sorti en 2018. Lecture du texte d'Annie Ernaux tiré de son livre "Les Années" parution aux éditions Gallimard en 2008

L' Anomalie : Espérance, croyance et amour


L’espérance.
C’est le pire de tous les maux. C’est l’espérance qui nous interdit d’agir, c’est l’espérance qui prolonge le malheur des hommes, puisque, n’est-ce pas, contre toute évidence, « tout va s’arranger ». Ne peut pas être ce qui ne doit être… La vraie question que nous devrions chaque fois nous poser est celle-ci : « En quoi est-ce qu’accepter un point de vue donné m’arrange ? » 
 
La croyance
Dieu que la connerie suinte de l’esprit religieux. Toute certitude poignarde l’intelligence. Pour faire de la mort une mésaventure parmi d’autres, le croyant a perdu la raison. 
 
L’Amour
La vérité, avec l’amour, c’est que le cœur sait tout de suite et il le crie.
 
Hervé LE TELLIER "l'Anomalie"
Éditions Gallimard - 2020

mercredi 8 avril 2020

Ce qui arrive à la France, arrive avant tout dans le monde entier.



Ce qui arrive à la France, arrive avant tout dans le monde entier. Et, d'après la plupart des observateurs mondiaux, il s'agira de la plus grave crise depuis la seconde guerre mondiale. Bien plus grave que la crise de 2008, que le 11 septembre 2001, ou que d'autres événements de ces dernières décennies. 

Aujourd'hui, je ne cesse de lire des critiques, selon lesquelles il aurait fallu faire ceci, ne pas faire cela, à propos de masques, de dépistage, de confinement, de traitements, de chloroquine, d'hôpitaux, d'impôts, de subvention, de communication, de mondialisation, que sais-je... Tout le monde y va de son avis, et, pour beaucoup, se plaignent, partagent des statuts Facebook dont les auteurs semblent profiter de la situation pour mener des combats politiciens, ou se mettent à croire à des complots plus ou moins débiles. 

Il est extrêmement facile de critiquer les décisions de ceux qui agissent. Surtout quand les décisions :
- sont prises dans l'urgence, 
- concernent des dizaines de millions de personnes, des millions d'entreprises, des milliers de secteurs d'activité dépendants tous les uns des autres,
- doivent prendre en compte des milliers d'inconnues et de facteurs qui évoluent en permanence, 
- et surtout, bouleversent les ordres, les organisations et les priorités qui étaient en vigueur il y a encore seulement 3 semaines, et les bouleversent à un niveau de remise en cause qui n'avait pas été atteint depuis la dernière guerre mondiale. 

C'est facile de critiquer en disant "pourquoi pas plus de masques, plus de tests, blablabla...". Je me rappelle encore des moqueries autour d'un autre ministre qui avait commandé des milliers de vaccins, au cas où... Personne ne pouvait prévoir ce qui est arrivé. Il est impossible d'anticiper tous les événements ponctuels et aléatoires qui se produisent une fois par siècle. Cela aurait pu être un astéroïde frappant la Terre, une nouvelle version plus mortelle du Sida, une espèce invasive de sauterelles mutantes détruisant les céréales dans le monde entier, une algue empoisonnant les ressources en eau potable, que sais-je? Cela aura été un virus se transmettant par éternuement. Qu'aurait-on fait de millions de masques ou de respirateurs artificiels en cas d'un nouveau virus du Sida, d'une météorite ou d'une sauterelle mutante?

Dans une crise comme celle-ci, il est irresponsable de profiter de la confusion pour ajouter encore plus de confusion. 

Aucun gouvernement ne sera parfait pendant cette crise. Pourtant, j'ai le sentiment que la plupart des pays européens, dont la France, ont mieux réagi que les nations menées par des leaders populistes, arrivés récemment au pouvoir, et portés par cette vague de remise en cause des "élites" que la France connait depuis quelques temps. 

Pour ne citer que les principaux, oui, j'ai bien plus confiance aujourd'hui en la France pour faire face à cette situation d'urgence et de remise en cause qu'en Trump aux USA, Bolsonaro au Brésil, ou Boris Johnson en Grande-Bretagne... 

J'ai bien plus confiance en la parole des institutions, que ce soit celle des médias sérieux, celle des autorités qu'elles soient médicales, gouvernementales ou économiques, que celle des youtubeurs, instagrameurs, des médias "alternatifs" remplies de vérités "alternatives", de mon voisin gilet jaune ou qu'un ami de mon oncle qui connait un mec dont la sœur travaille dans un hôpital. 

Profiter de la situation pour se complaire et se vautrer dans la critique facile, crier à l'assassin, au complot, mener ses petits combats politiciens franco-français habituels en se servant de ce virus, relayer les théories fumeuses de profiteurs ou d'illuminés opportunistes, c'est pathétique, déplorable, irresponsable. 

Il ne s'agit pas de renoncer à améliorer le monde, de renoncer à toute critique constructive. Il s'agit de ne pas se laisser emporter par la panique, les raisonnements simplistes, le fatalisme, les aboiements de circonstance, les divisions délétères, face à une crise historique et planétaire.  

Alors s'il fallait un message politique, je me permets celui-ci : espérons que cette crise ne nourrira pas la gangrène des nationalismes et populismes égoïstes. Tachons d’œuvrer afin que l'humanité sorte de cette crise plus sage, plus solidaire, valorise davantage la coopération plutôt que la division, en réalisant que, désormais, l'avenir de l'homme est plus que jamais une question planétaire,  et non une affaire de défense individuelle des nations. 

-  Publication de Eric Sagan du 06 avril 2020 (www.ericsagan.fr)
PDG d’une société d’informatique, Eric Sagan est auteur de "Lettre à Hervé" (2016), son premier livre..